C'était
un lourd matin d'automne.
Pour
aller au commissariat de police, Pierre devait prendre un taxi.
Les
feuilles étaient encore sur les arbres, mais on devinait la sève
des gemmes moins vigoureuse. L'air était froid et sec. Il y avait
quelques feuilles qui tombaient dans la rue. Elles étaient légères
dans le remous de l'air, on aurait dit des oiseaux qui flottaient, qui
virevoltaient à droite et à gauche... Mais les souvenirs
lui venaient sans cesse à l'esprit.
Il
devait prendre un taxi pour arriver plus vite au commissariat. Tout à
coup il en avait vu un, il lui avait fait signe, et le taxi s'était
arrêté.
-
Bonjour, monsieur, où allez-vous? lui a demandé le vieux
chauffeur.
-
Bonjour, j'aimerais aller au commissariat de police le plus proche, a dit
Pierre.
-
Dis donc, vous n'êtes pas français,vous! C'est votre accent...
D'où venez-vous?
Pierre
a remarqué que le chauffeur parlait très vite.
-
Je viens d'Espagne, de Madrid, a-t-il répondu.
-
Je ne connais malheureusement pas votre pays. Je ne connais que Paris.
Je suis chauffeur de taxi depuis longtemps, et pendant les vacances je
reste chez moi.
-
Vous avez raison, a dit Pierre, après une journée de travail
en voiture vous ne devez pas avoir très envie de voyager!
-
C'est ça: après toute une journée en voiture je suis
très fatigué, je n'ai plus envie de prendre la voiture pour
voyager.
Pierre
n'a rien répondu, mais il a commencé à s'inquiéter.
Le chauffeur s'est rendu compte que Pierre était énervé
et il a ajouté:
-
Je voudrais rouler plus vite, mais c'est impossible, il y a trop de circulation
dans cette rue, il y a un embouteillage.
-
Il reste beaucoup de temps pour arriver au commissariat? a-t-il demandé.
-
Non, c'est tout près d'ici, nous y sommes presque arrivés.
Le
temps passait, mais Pierre ne pensait qu'à son histoire, qui lui
pesait trop.
-
Ça y est, voilà le commissariat! a dit le chauffeur.
Le
chauffeur ralentit et il se gara adroitement, Pierre répondit:
-
Merci bien, ça fait combien?
-
Douze euros, s'il vous plaît.
Pierre
a payé et a pris congé du chauffeur en sortant du taxi.
Le
vent était devenu plus froid. Il était debout, au milieu
du trottoir en face du commissariat. Il n'y osait pas entrer. Il ne savait
pas comment il allait faire pour raconter son histoire à la police,
qui allait le croire?
Isabel
María Ruiz Sánchez.5e année.
EOI Hellin. 2001-2002.